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MDC Monnaies de Collection sarl
Auction 9  3-4 Jun 2022
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Lot 458

Starting price: 150 000 EUR
Price realized: 175 000 EUR
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FRANCE / CAPÉTIENS
Louis XIII (1610-1643). Médaillon ou Médaille artistique en Or, Louis XIII et Marie de Médicis, attribué à Guillaume Dupré ND (1620-1622), Paris.

Av. Buste de Louis XIII à mi-corps à droite, cuirassé à l'antique, drapé, avec casque de parade à panache, et lauré [en Mars], sur une sorte de fleuron.
Rv. Buste de Marie de Médicis à mi-corps à droite, cuirassée et drapée, avec casque de parade à panache [en Pallas-Athéna ou Minerve].

Maz.- - Rouyer cf. XXVII/1 = BnF Paris L.2562 (bronze) = RN, 1892, p.491-496 = coll. P. Rattier (Rollin et Feuardent, 13-14 avril 1891, n° 71) = coll. B. Fillon (Rollin et Feuardent, 20-24 mars 1882, n° 165) - RN, 1990, p.232-253 [L. Smolderen - À propos de Guillaume Dupré] ; Or - 86,10 g - 46,2 x 57 mm - 12 h


Fonte d'une grande qualité, avec de hauts reliefs reciselés par l'artiste et les champs polis. Le listel est traité différemment au droit et au revers. Unique et, plus qu'une médaille, une œuvre d'Art ! Superbe.

Cet exceptionnel médaillon (terme que nous préférons à médaille) est une fonte, totalement inédite en Or. En bronze, ce médaillon est déjà rarissime, connu uniquement, semble-t-il, par l'exemplaire du Cabinet des médailles de la BnF de Paris, formé de deux plaques de bronze réunies par un cadre en laiton muni d'une bélière. Ce médaillon en bronze a été acquis par cette institution lors de la vente du cabinet de Paul Rattier (Rollin et Feuardent, 13-14 avril 1891, n°71) et faisait anciennement partie de la collection de Benjamin Fillon (Rollin et Feuardent, 20-24 mars 1882, n° 165), aux dimensions 47 x 58 mm. C'est cette fonte en bronze qui a été représentée dans le catalogue de vente de la collection Fillon [Rollin et Feuardent, 20-24 mars 1882, n° 165], dans la Revue numismatique de 1892, p. 491-492 (gravure), ainsi que dans Les médailleurs... de Natalis Rondot, pl. XXVII n° 1.
D'après H. de la Tour, Revue numismatique 1892, p. 491 à 496, la fonte du Cabinet des médailles, « d'inspiration italienne », est l'œuvre d'un artiste français ou italien et aurait été exécutée entre les années 1618 et 1623 : « D'attentives comparaisons avec les monnaies et les médailles nous amènent à la même conclusion : l'effigie qui figure sur notre pièce n'est sûrement pas antérieure à celle de l'essai de 1618, et d'autre part, elle n'est pas postérieure à 1623, car le roi est encore représenté imberbe, alors que la moustache commence à apparaître à cette dernière date, et qu'on la distingue nettement sur les bonnes épreuves de la médaille de Dupré au revers de justice. Nous ferons seulement remarquer que la physionomie de Marie de Médicis ne concorde pas du tout avec celle de Louis XIII, la reine ayant été considérablement rajeunie et idéalisée, elle n'a pas du tout la figure bouffie que lui donnent les portraits de cette époque ».
Notre exemplaire, ainsi que la fonte en bronze du Cabinet des médailles, peuvent être rapprochés d'une autre médaille datée de l'année 1603, non signée et non retrouvée à ce jour, connue uniquement par une gravure en taille douce réalisée par le célèbre graveur Sébastien Leclerc (1637-1714), auteur notamment des Médailles sur les principaux évènements du règne de Louis le Grand. Celle-ci représente le buste de Marie de Médicis tourné à gauche, casquée et cuirassée, avec la légende A MIS ICI REMEDDE MDCIII (anagramme de Marie de Médicis 1603) [S. Leclerc, Monnaies et médailles..., pl. VIII n° 2].
Sur cette même planche VIII n° 3, se trouve également notre médaillon ovale représentant Marie de Médicis.
Pour autant que le portrait de Marie de Médicis est de toute évidence flatteur quant à l'âge de la reine-mère, nous pensons celui de Louis XIII contemporain. Le visage imberbe du roi ainsi que sa représentation au début de l'âge mur nous incitent à penser, tout comme Henri de la Tour dans la Revue numismatique 1892, que la gravure du portrait royal a été réalisée dans les années 1620 et très certainement avant 1623.
Peu d'évènements peuvent se rattacher à la représentation dans les années 1620 d'un Louis XIII guerrier et d'une Marie de Médicis en Pallas-Athéna (ou Minerve), déesse de la sagesse, de l'intelligence et de la stratégie militaire, mais également symbole de la Régence. Notre médaillon est nécessairement postérieur au Traité d'Angoulême du 30 avril 1619 qui met fin aux différents entre Louis XIII et sa mère, conforté le 5 septembre 1619 par la réconciliation publique de Tours. Dans les années qui suivirent, le 24 décembre 1620, les protestants décident lors de l'assemblée de La Rochelle de prendre les armes. De 1620 à 1622, une expédition militaire contre les protestants rochelais est menée. Notre médaillon pourrait alors symboliser la conduite d'une politique commune de la Reine-mère et de son fils face aux débuts de la révolte protestante à la Rochelle ? Louis XIII, en chef de guerre et Marie de Médicis, en Pallas-Athéna ou Minerve, déesse de la sagesse et de la stratégie militaire pourraient figurer l'unité du Roi et de la Reine-mère face à la menace de la religion protestante qu'ils combattent ensemble.

L'auteur de notre médaillon, non signé, nous est inconnu. Certaines comparaisons minutieuses avec des médailles italiennes de la seconde moitié du XVIIe siècle faites par Henri de la Tour dans la Revue numismatique 1892, p. 495, démontrent assurément une influence transalpine. Rouyer le cite après un médaillon de Jacob Richier et indique « Fillon, dans les mains duquel nous l'avons vu, l'attribuait à un Français, étant toutefois étonné qu'un tel graveur fût resté inconnu. M. Henri de La Tour, sans se prononcer sur la nationalité de l'auteur, tient cette pièce pour -absolument italienne d'inspiration- ».
Certains éléments nous permettent cependant d'avancer le nom de Guillaume Dupré comme auteur de ce médaillon : son voyage en Italie en 1612, qui « a singulièrement confirmé les tendances italianisantes et décoratives de son style » (Smolderen, Revue numismatique 1990, p. 231), ses relation étroites avec le peintre Rubens, auteur des panneaux du Cycle de Marie de Médicis (1622-1625) et dont le portrait de Marie de Médicis en reine triomphante permet un rapprochement troublant entre les deux artistes. Mais c'est principalement la qualité de la gravure, le fini de la réalisation de la fonte dont il était un spécialiste renommé et l'importance des reliefs qui nous incite à lui attribuer la paternité de ce médaillon. Notons que Guillaume Dupré était huguenot et, comme le souligne Smolderen : « Il est d'ailleurs permis de se demander si le huguenot Guillaume Dupré aurait pu consentir à célébrer l'action entreprise contre ses coreligionnaires ». Toutefois, ce fait pourrait expliquer l'absence de signature sur notre médaillon.
Guillaume Dupré (1576-1643) est sculpteur depuis 1597, formé chez son beau-père Barthélémy Prieur. Il est premier sculpteur du Roi à partir de juin 1611, contrôleur général des poinçons et effigies des monnaies de France dès octobre 1601 conjointement avec Jean Pillon, puis seul à partir de 1617. Il est également nommé vers 1629 commissaire général de l'Artillerie. Son œuvre comprend essentiellement des portraits, certaines de ses médailles sont d'ailleurs unifaces, c'est un portraitiste hors-pair, au goût marqué pour les reliefs opulents. Notre médaillon, plus qu'une médaille malgré l'événement auquel il semble rattaché, est une œuvre d'Art digne d'un des plus grands artistes de son temps. Citons encore Rouyer « [cette pièce] est jolie, exécutée avec finesse par une main bien sûre d'elle-même ; elle tient plus du bijou que de la médaille (...) on est tenté de croire que ce joyau a été fait par occasion ».


Ouvrages consultés :
Rondot (N.).- Les médailleurs et les graveurs de monnaies, jetons et médailles en France.- Paris : E. Leroux, 1904.
La Tour (H. de).- Médailles modernes récemment acquises par le Cabinet de France. VI/. Louis XIII et Marie de Médicis.- Revue numismatique.- 1892.- p. 491-496, fig.
Jombert (Ch.-Ant.).- Catalogue raisonné de l'œuvre de Sébastien Leclerc. Partie 1.- Paris : l'Auteur, 1774.
Leclerc (S.).- Monnaies et médailles relatives à l'histoire de France, de Charles VII à Louis XIII.- Recueil de XI planches, XVIIe siècle.
Smolderen (L.).- À propos de Guillaume Dupré.- Revue numismatique.- 1990.- p. 232-253, pl.
Mazerolle (F.).- Les médailleurs français, du XVe siècle au milieu du XVIIe.- 3 tomes.- Paris : Imprimerie nationale, 1902-1904



Louis XIII (1610-1643). Gold medallion or artistic medal, Louis XIII and Marie de' Medici, assigned to Guillaume Dupré, no date (1620-1622), Paris.
Obv. Bust of Louis XIII facing right, cuirassed, draped, wearing a plumed parade helmet and laureated [as Mars], on a kind of finial.
Rev. Bust of Marie de' Medici faceving right, cuirassed, draped, wearing a plumed parade helmet [as Pallas-Athena or Minerva].
Maz.- - Rouyer cf. XXVII/1 = BnF Paris L.2562 (bronze) = RN, 1892, p.491-496 = coll. P. Rattier (Rollin et Feuardent, 13th-14th april 1891, n° 71) = coll. B. Fillon (Rollin et Feuardent, 20th-24th march 1882, n° 165) - RN, 1990, p.232-253 [L. Smolderen - À propos de Guillaume Dupré] ; Gold - 86,10 g - 46,2 x 57 mm - 12 h.

Very high quality cast, with high reliefs re-chiseled by the artist himself and polished fields. The obverse and reverse listels have been processed differently. Unique and, more than a medal, a true piece of art. Almost Uncirculated.

This exceptional medallion (term we prefer compared to medal) is an unedited gold cast. This medallion is only known in bronze by the unique example of the Cabinet des médailles of the BnF in Paris, composed of two bronze plaques united in a brass frame with a bail. This bronze medallion of 47 x 58 mm, was acquired during the sale of Paul Rattier's cabinet (Rollin et Feuardent, 13th-14th of april 1891, n°165) and was previously a part of Benjamin Fillon's collection (Rollin et Feuardent, 20th-24th of march 1882, n°165). This bronze cast was represented in the Fillon's collection sale catalogue [Rollin et Feuardent, 20th-24th of march 1882, n°165], in the Revue numismatique of 1892, p. 491-492 (etching) and also in Les médailleurs... by Natalis Rondot, pl. XXVII n°1.
According to Henri de la Tour, in the Revue numismatique of 1892, p. 491 to 496, the Cabinet des médailles bronze cast, "Italian inspired", was made by a French or Italian artist and would have been created between 1618 and 1623 : "Careful comparisons with coins and medals leads us to the same conclusion : the effigy on this piece was surely not made before the one visible on the 1618's pattern and, on the other hand, was not made after 1623, the king being beardless whereas, starting from 1623, the moustache starts appearing on the king's portrait, clearly distinguishable on the good strikes of Dupré's medal with Justice in reverse. We will point out that the physiognomy of Mari de' Medici does not fit with the king's one, the queen being rejuvenated and idealized, not showing the puffy figure visible on the contemporary portraits."

Our example, like the bronze cast of the Cabinet des médailles, can be linked to another medal dated 1603, with no signature and still not found, only known by an intaglio made by the famous engraver Sébastien Leclerc (1637-1714), author of Médailles sur les principaux évènements du règne de Louis le Grand. This intaglio represents the bust of Marie de' Medici facing left, wearing a helmet and cuirassed, with the legend A MIS ICI REMEDDE MDCIII (anagram of MARIE DE MEDICIS 1603) [S. Leclerc, Monnaies et médailles..., pl. VIII n°2].
On the same page, board VIII n°3, is our oval medallion representing Marie de' Medici.
Whereas Marie de' Medici's portrait might be idealized considering the age of the Queen-mother, we think that the king's one is pretty accurate. The beardless face combined with his early middle age representation leads us to think, like Henri de la Tour in the Revue numismatique of 1892, that the engraving of the royal portrait has been realized in the 1620's and certainly before 1623.
There are very few events justifying the representation of a warrior king and a Marie de' Medici depicted as Pallas-Athena (or Minerva), goddess of wisdom, intelligence and military strategy, but also symbol of Regency. Our medallion has to be posterior to the Treaty of Angoulême (30th april 1619) ending conflict between Louis XIII and his mother, consolidated on the 5th of september 1619 by the public reconciliation of Tours. On the 24th of December 1620, Protestants decide to take up arms after the La Rochelle's assembly. From 1620 to 1622, a military operation is carried out against Protestants of La Rochelle. Our medallion could symbolize the common policy adopted by the Queen-mother and her son to face the beginnings of the protestant revolt of La Rochelle ? Louis XIII, as the war chief, and Marie de' Medici, as Pallas-Athena or Minerva, goddess of wisdom and military strategy, could show the unity between the King and the Queen-mother facing the protestant threat and fighting it together.

The artist of our unsigned medallion is unknown. Some careful comparisons with Italian medals of the second half of the XVIIth century made by Henri de la Tour in the Revue numismatique of 1892, p.495, demonstrate a clear transalpine influence. Rouyer quotes de la Tour in a comment about a medallion belonging to Jacob Richier and says "Fillon attributed it to a Frenchman, but was surprised that such an engraver could have stayed unknown. M. Henri de la Tour, without saying anything about the nationality of the author, thinks that it is –absolutely Italian inspired-". Some elements allow us to name Guillaume Dupré as the author of the medallion : his travel in Italy in 1612, which has "singularly confirmed the Italianate and decorative tendencies of his style" (Smolderen, Revue numismatique 1990, p. 231), his close relations with Rubens, author of some paneling from the Cycle of Marie de' Medici (1622-1625) in which the portrait of Marie de' Medici as a triumphant queen links the two artists. But it's mostly the engraving quality, the finish of the casting of which he was a renowned specialist and the high reliefs that lead us to Guillaume Dupré as the author. Note that Guillaume Dupré was a Huguenot and, as Smolderen writes : "It is allowed to ask ourselves if the Huguenot Guillaume Dupré could have agree to celebrate such actions against other Protestants." However, that could explain why our medallion is unsigned.

Guillaume Dupré (1576-1643) is a sculptor since 1597, trained by his father-in-law Barthélémy Prieur. He becomes first King's sculptor in June 1611, general controller of French coins' hallmarks and effigies in October 1601 jointly with Jean Pillon, then alone in 1617. He is also general commissioner of artillery around 1629. His work is essentially composed of portraits ; some of his medals are uniface. He is a fantastic portraitist with a taste for opulent reliefs. Despite the event it seems to be connected with, our medallion is more than a medal, it is a piece of art worthy of the greatest artists of his time. Let's quote Rouyer one more time : "[this piece] is beautiful, made with finesse by a self-assured hand ; it is more of a jewel than a medal."

Consulted works :
RONDOT (N.).- Les médailleurs et les graveurs de monnaies, jetons et médailles en France.- Paris : E. Leroux, 1904.
LA TOUR (H. DE).- Médailles modernes récemment acquises par le Cabinet de France. VI/. Louis XIII et Marie de Médicis.- Revue numismatique.- 1892.- p. 491-496, fig. JOMBERT (Ch.-Ant.).- Catalogue raisonné de l'œuvre de Sébastien Leclerc. Partie 1.- Paris : l'Auteur, 1774.
LECLERC (S.).- Monnaies et médailles relatives à l'histoire de France, de Charles VII à Louis XIII.- Miscellany of XI boards, XVIIth siècle.
SMOLDEREN (L.).- À propos de Guillaume Dupré.- Revue numismatique.- 1990.- p. 232-253, pl. ee
MAZEROLLE (F.).- Les médailleurs français, du XV siècle au milieu du XVII .- 3 volumes.- Paris : Imprimerie nationale, 1902-1904.


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